La campagne nationale de plaidoyer et de mobilisation pour l'accès à
un assainissement adéquat a été lancé, le mardi 29 juin 2010 à Boussé,
dans la province du Kourwéogo, en présence du président du Faso, Blaise
Compaoré. Il s'agit d'accélérer l'accès à l'assainissement des
populations en vue d'améliorer leur situation sanitaire ainsi que leur
cadre de vie. Accessible à 20 % seulement de la population des villes et
beaucoup moins en milieu rural (un habitant sur dix), l'assainissement
au Burkina Faso préoccupe au plus au niveau de l'État. Normal, à cette
allure, il sera difficile d'atteindre les Objectifs du millénaire pour
le développement – OMD, d'ici à 2015. C'est pour rectifier le tir et
remettre le pays sur de bons rails, pour le rendez-vous de 2015, qu'a
été lancée, ce mardi 29 juin 2010 à Boussé dans la province du
Kourwéogo, à une cinquantaine de kilomètres de Ouagadougou, la campagne
nationale de plaidoyer et de mobilisation pour l'accès à un
assainissement adéquat. Sur le thème de l'accès à un assainissement
adéquat par tous, un facteur essentiel pour assurer la santé, la dignité
et la prospérité du Burkina Faso, cette campagne envisage
transformer l'état actuel de la situation de l'assainissement dans les
villes et les campagnes. Car les conséquences de la mauvaise gestion des
eaux usées et des excréta sont énormes. Les recoins de murs, les
caniveaux, les bosquets, les espaces verts, les maisons non habitées...
lieux de dépôts de toutes sortes de déchets engendrent de multiples
maladies diarrhéiques et sont les premières causes de morbidité (58 %)
chez les enfants de 5 ans. Profitant de la présence du président du
Faso, Blaise Compaoré, au lancement de la campagne, la société civile
dans son ensemble a plaidé pour une amélioration de l'assainissement et
de l'hygiène. Les enfants sollicitent un accès plus facile à des
latrines aussi bien à l'école qu'à la maison. Les femmes elles, ont estimé que le manque d'ouvrages d'assainissement
est une atteinte à leur dignité et ont souhaité que la priorité soit
accordée à l'hygiène, l'eau potable et l'assainissement dans tous les
plans de développement. Quant aux personnes handicapées, elles
sollicitent des latrines adaptées à leur condition, c'est-à-dire,
équipée de rampe d'accès. Cette vaste campagne nationale connaît le
soutien de plusieurs partenaires techniques et financiers du Burkina
Faso. En leur nom, le chef de la mission de l'Union Européenne au
Burkina Faso, l'ambassadeur Amos Tincani, a souligné que pour un secteur
particulièrement sensible comme l'assainissement, une "volonté
politique affirmée, générant des actes concrets" est nécessaire.
Mais, au-delà de l'atteinte des OMD, ce qui inquiète le diplomate
européen, c'est la démographie galopante du pays. "Vu la croissance
démographique, le taux d'accès à l'assainissement baisse en réalité
chaque année. Si en 2007 on considérait qu'il fallait tenir un rythme de
39 000 latrines par an en milieu rural jusqu'en 2015, en 2010 il faut
en réaliser au moins 55 000 l'an", a relevé Amos Tincani, annonçant
un financement de 10 millions d'euros de son institution pour la
réalisation d'environ 40 000 latrines sur quatre ans. Ainsi, ce sont
plus de 60 000 latrines familiales et 13 000 blocs de latrines publiques
qui devront être construites pour lla réalisation de ces latrines. "Le
financement global est évalué à 64 milliards de francs CFA", a
déclaré le ministre de l'Agriculture et de l'Hydraulique des Ressources
halieutiques, Laurent Sédogo, avant d'ajouter : "Ainsi se résume le
grand défi de toute la nation". Pour le relever, selon lui, tout le
monde doit jouer sa partition : les chefs de ménage, en se dotant d'un
toit doivent songer à construire des latrines, l'implication des ONG et
associations dans le secteur de l'assainissement, sans oublier les
maires de communes, etc. "Le gouvernement pour sa part, réaffirme sa
détermination à faire de l'assainissement une priorité nationale. Notre
contribution pour ce secteur augmentera en 2011 pour atteindre environ
2,5 milliards de francs CFA par an", a affirmé Laurent Sédogo. En
posant symboliquement la première pierre de construction d'une latrine à
Boussé, le président du Faso a ainsi donné le ton d'une vaste campagne
nationale de promotion de toilettes, de sensibilisation sur l'hygiène et
l'assainissement, ainsi qu'une mobilisation des autorités politiques,
religieuses, coutumières et les partenaires techniques et financiers,
pour que les déchets produits et rejetés par l'homme ne constituent plus
une menace pour sa santé.
Sié Simplice Hien, Sidwaya Quotidien – AllAfrica
30-06-2010